Cette activité présente un outil de formation réflexif, le portfolio, comme moyen de synthétiser plusieurs lectures théoriques en vue d’en discuter en groupe, puis en classe, pour élaborer un cadre conceptuel.
Lire et écrire de manière autonome et régulière en vue de s’approprier des connaissances spécifiques;
Identifier les informations pertinentes dans un article scientifique en fonction d’un « mandat de lecture », c’est-à-dire d’une problématique préalablement définie par l’enseignant;
Dans un premier temps, seul, lire et synthétiser un ensemble d’articles, identifier les questions que ces articles soulèvent, avancer des voies de réponses;
Dans un second temps, débattre des textes en petits groupes à l’aide d’une part des questions soulevées par le « mandat de lecture » et des questions soulevées par les diverses partenaires du petit groupe;
S’initier à l’élaboration de schémas théoriques; débattre la pertinence fonctionnelle (la portée opératoire) des schémas élaborés (capacité d’inclure tous les faits à considérer, d’expliquer les cas d’exception, etc.);
Développer leur conception théorique disciplinaire et argumenter à partir de leurs pratiques professionnelles;
Participer à un débat en ayant recours à la rhétorique.
Ce portfolio vise la construction et la réflexion sur des concepts théoriques qui peuvent influencer, consciemment ou inconsciemment, l’action professionnelle. Il est une collection organisée de textes (textes circonscrits par l’enseignant, mais collection également enrichie par des textes amenés par les étudiants) permettant
de considérer une (des) question(s) problématique(s), initiée(s) par la professeure et souvent complexifiée par les étudiants du groupe;
de colliger un ensemble de faits à lier à cette question;
afin de théoriser sur un sujet inhérent à la question soulevée.
Il permettra de développer des concepts, de les définir et de les manipuler en lien d’une part avec d’autres concepts et, d’autre part, avec la pratique professionnelle. Il implique un mouvement de construction partant de l’action personnelle sur les textes à un débat élargi au groupe et, à l’inverse, partant des échanges de groupe à une restructuration personnelle du portfolio. Il permet de colliger des traces écrites (synthèses, questions, avenues de réponses, schématisations) de l’évolution d’une conceptualisation autour de la question soulevée.
Selon Vanhulle, « L’enjeu de la formation professionnelle, pour l’étudiant, c’est […] de se transformer au contact des savoirs qui lui sont proposés » (2006, p. 23).
« Une véritable didactique des savoirs professionnels consiste dès lors à étayer, réguler, mettre en mouvement et en tension la construction de l’identité professionnelle, sur la base d’un postulat : c’est à travers le prisme de multiples savoirs formalisés et à travers leur intégration que le formé peut se poser progressivement comme sujet agissant et réfléchissant sur ses actions et sur les motifs de ses actions, compte tenu de la dimension polycontextuelle de la formation, entre les différents espaces de “terrains” et de “cours”. […] Le portfolio, envisagé comme un outil progressif de construction de l’identité et des savoirs professionnels, peut soutenir ce travail. Pour l’étudiant, cela passe par l’élaboration d’un discours en propre, à travers la pratique d’un genre réflexif. Celui-ci s’alimente de recherches collectives avec les pairs et les formateurs. » (Vanhulle, 2006, p. 24)
L’usage du portfolio présenté ici se situe dans le cadre de la formation professionnelle des enseignants et des orthopédagogues qui se spécialisent dans le champ de l’adaptation scolaire, et plus précisément la formation d’enseignant de préscolaire concernant l’apprentissage de la langue écrite et l’initiation à la littérature d’enfance à l’orée de la scolarisation du jeune enfant.
Dans cet exemple de pratique pédagogique, le portfolio n’est pas évalué par la professeure. C’est un outil de conceptualisation qui permet aux étudiants de préparer leurs interventions pédagogiques de manière réfléchie et argumentée, de les piloter et d’en faire une analyse réflexive à la suite de leurs réalisations effectives.
Bien que dans ce cas, le portfolio ne vise ni ne mène à une forme d’évaluation de la progression de l’étudiant, plusieurs l’utilisent comme un outil d’auto-évaluation, d’évaluation formative ou d’évaluation certificative. À titre d’exemple, une équipe multidisciplinaire de l’université de Liège propose des critères d’évaluation certificative du portfolio implanté dans les programmes de Psychologie sociale des groupes et des organisations, Formation d’adultes, Pharmacie et Logopédie.
Favoriser l’appropriation de modèles conceptuels par des activités d’élaboration de schémas, théoriques qui reposent sur l’articulation entre des pratiques de lecture, d’écriture et d’oral.
Proposer un support de réflexion aux étudiants quant à l’articulation entre la théorie et leurs pratiques à travers un genre réflexif : le portfolio.
Développer la réflexivité, le débat, la rhétorique des étudiants pour les amener à justifier leurs pratiques professionnelles en s’appuyant sur la littérature scientifique.
L’acquisition des compétences professionnelles des futurs enseignants repose sur le développement de leurs propres compétences langagières. Des pratiques de lecture et d’écriture régulières et réflexives permettent aux étudiants de s’approprier des concepts, d’articuler leur pensée, de forger leur identité professionnelle. En effet, l’écriture individuelle est une pratique qui favorise le développement de la réflexivité, « dans la mesure ou elle peut donner forme à la pensée, favoriser des restructurations, des retours sur soi, dans un travail énonciatif ou un “je” peut s’inscrire dans un discours qui l’érige en auteur et acteur réflexif » (Vanhulle, 2006, p.28).
Les activités proposées ici sont transposables, avec des aménagements, dans d’autres formations universitaires professionnelles.
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