Le passage d’un document audio à une version écrite du même contenu doit être fait avec précision, afin de ne pas altérer le message qui y est véhiculé. Le traitement peut prendre la forme d’un relevé d’écoute sommaire ou élaboré.
Le protocole de transcription
En fonction du type de transcription adopté, les propos du participant seront cités totalement ou intégralement, mais toujours selon les règles d’un protocole.
Ce protocole est constitué de systèmes de notation spécialisés (phonétique par exemple). Reposant sur des signes, icônes et pictogrammes, cet outil méthodologique est généralement utilisé pour les entretiens en ethnolinguistique, afin de présenter les propos de l’informateur-participant tout en transmettant à l’écrit ses hésitations, ses silences, ses intonations… Il s’applique aux citations des paroles d’un participant, c’est-à-dire aux passages rapportés entre guillemets. Le code typographique propose d’ajouter des précisions à même les paroles du participant, afin de transmettre des informations à la fois sur les façons de dire et le contexte d’élocution.
→ Voir un exemple de protocole de transcription (l’illustration n° 1) proposé dans la section « outils ».
Trois types de transcription
Voici trois types de transcription des données fréquemment utilisés dans les recherches en ethnologie :
- la transcription semi-intégrale normalisée présentée selon un modèle schématisé, que l’on nomme guide d’écoute;
- la transcription intégrale normalisée;
- la transcription intégrale.
La transcription semi-intégrale normalisée reprend l’essentiel du contenu du discours tout en simplifiant les propos recueillis. Ce type de transcription présente les propos à la fois sous forme de résumés et de citations. La transcription semi-intégrale facilite le repérage de l’information par le chercheur et valorise les informateurs-participants en soulignant la pertinence de leur témoignage par rapport à la recherche. Le chercheur doit demeurer objectif dans la mesure où il y a toujours une perte d’information qui résulte de la sélection.
La transcription sous forme de guide d’écoute est pratique et fonctionnelle tout en étant fidèle à l’enregistrement de l’entretien. Les citations rapportées doivent être bien identifiées et situées sur l’enregistrement afin de les retrouver facilement et rapidement (on note le minutage pour le repérage). Les renseignements doivent être clairs, précis et localisés en référence à l’enregistrement. Le guide d’écoute est construit en fonction des segmentations thématiques de l’entretien (les regroupements thématiques du schéma). Il est généralement accompagné d’une présentation. En somme, le guide d’écoute est un outil de consultation qui facilite l’audition de l’enregistrement sans avoir à retourner obligatoirement ni fréquemment aux bandes sonores d’origine.
→ Voir l’illustration n° 2 dans la section « outils » : l’extrait du guide d’écoute accompagnant une entrevue sur les jams de musique traditionnelle au pub Nelligan tiré de la collection Cassandre Lambert-Pellerin (F1562) aux Archives de folklore et d’ethnologie de l’Université Laval.
La transcription intégrale normalisée est surtout utilisée pour transposer un témoignage oral selon les codes de l’écrit. La totalité des propos du participant est retranscrite. Ils sont cependant adaptés afin de respecter l’orthographe dans le respect des spécificités de la langue orale (par exemple, la négation incomplète, les mots tronqués, les répétitions, etc.).
→ Voir l’illustration n° 3 dans la section « outils » : l’extrait d’une entrevue sur l’imagerie religieuse dans l’espace domestique tiré de la collection Catherine Arsenault (F1534) aux Archives de folklore et d’ethnologie de l’Université Laval.
La transcription intégrale ou verbatim est une transcription mot à mot. Pour ce type de transcription, le chercheur doit respecter fidèlement la forme des propos du participant. Ce type de transcription était couramment utilisé dans le cadre des recherches portant sur la langue populaire ou la littérature orale (les contes, les légendes). Retenons cependant que la transcription intégrale ne valorise pas l’informateur-participant en raison de la lourdeur de la présentation et ne facilite pas l’accès rapide à l’information. C’est un processus long et parfois onéreux. Elle est tombée en désuétude depuis les années 1980. Elle était utilisée afin de préserver les accents et prononciations particuliers dans un format écrit, quand les coûts de conservation des enregistrements étaient très élevés.
→ Voir l’illustration n° 4 dans la section « outils » : l’extrait du conte Les sept voleurs tiré de la collection Dominique Gauthier (F516) aux Archives de folklore et d’ethnologie de l’Université Laval.