Le professeur explicite les critères de rédaction du questionnaire : respecter une progression logique du plan d’enquête, organiser les contenus, respecter la forme attendue, rédiger des questions claires. Il communique également les critères d’évaluation.
Le questionnaire doit être structuré : les thèmes et les questions sont ordonnés et hiérarchisés. Le questionnaire respecte une progression logique qui peut être, par exemple :
chronologique (« Racontez-moi ce qui s’est passé depuis votre arrivée dans l’entreprise »),
déductive (« Nous allons reprendre point par point le procédé de fabrication »),
du plus factuel (domaine public, données objectives) au plus engageant (domaine privé, données subjectives),
du plus simple au plus complexe,
du rétroactif au projectif, etc.
Le professeur explique ses attentes vis-à-vis du contenu et de la forme du questionnaire. Dans l’exemple développé ici, l’enseignant donne les consignes de rédaction suivantes :
Le questionnaire tient sur une page
Il comprend une douzaine de questions, bien formulées, dont obligatoirement :
une question d’ouverture
au moins une question sur l’historique ou le passé récent de l’organisation à l’étude
au moins une question sur le contexte actuel de l’organisation
une question de conclusion
Il explore entre deux et quatre thèmes généraux, qui subdivisent l’ensemble des autres questions
Les questions s’enchainent de manière logique entre elles
Il faut joindre une feuille confirmant l’engagement de l’équipe à respecter la confidentialité des renseignements, signée par tous les membres
(Les consignes sont en version imprimable dans la section « outils » de cette fiche)
Les types de questions
Guittet (2008) distingue six types de questions :
les questions ouvertes : « ce sont des questions exploratoires qui visent à faciliter la prise de parole. Elles donnent les premières indications sur la façon dont l’enquêté se représente le problème » (Guittet, 2008, p.36). Exemple : comment se passe votre stage ?
les questions fermées : elles appellent une réponse précise et cherche à vérifier une information ponctuelle. Exemple : Votre responsable de stage travaille-il dans le même bureau que vous?
Les questions alternatives : elles orientent vers un choix restreint, elles facilitent la prise de décision. Exemple : Pensez-vous vous orienter vers une tâche administrative ou un tâche technique ?
Les questions à choix multiples : elles fixent la réflexion sur des éléments déterminés à l’avance; elles permettent aussi de tester des hypothèses. Exemple : D’après vous, quelle est la cause principale des difficultés des stagiaires : le manque de formation initiale, le manque de disponibilité des responsables de stage, la faible autonomie des stagiaires ?
Les questions directes : elles visent une réponse immédiate ou une prise de position. Exemple : Aimez-vous travailler dans cette entreprise ?
Les questions indirectes : elles posent le problème sur un plan plus général ou reportent les interrogations sur une autre personne. Elles permettent d’explorer les situations conflictuelles ou affectives qui risquent de bloquer le répondant. Exemple : Vos collègues sont-ils satisfaits de l’ambiance de travail ?
Boutin G. (2006). L’entretien de recherche qualitatif. PUQ, p. 122.
Les critères de qualité d’une question d’entretien
Guittet (2008, p.38-39) définit « les qualités d’une question » que l’on peut résumer ainsi :
Traiter un seul problème ou une seule idée par question;
Centrer la question sur une réalité concrète et susceptible d’être accessible à l’expérience de la personne interrogée;
Choisir une formulation neutre (non orientée);
Éviter les formulations trop connotées, chargées d’affectivité, de jugements de valeurs;
Éviter les questions situées dans un contexte trop spécifique ou ne correspondant pas au cadre de référence du répondant;
Utiliser un vocabulaire familier spécifique à la personne interrogée;
Formuler une question stimulante, facilitant l’expression du répondant.
Quelques critères de rédaction d’une question claire
« Une question qui pose un problème de compréhension est toujours une mauvaise question. »
(Guittet, 2008)
Une question claire est :
Une question directe (on s’adresse directement au répondant)
Une phrase courte, mémorisable globalement et directement (maximum 20 mots)
Un contenu ciblé sur une seule idée (un thème et un propos)
Une phrase affirmative (éviter les tournures négatives)
Un vocabulaire concret
Un vocabulaire familier spécifique à la personne interrogée
Un verbe actif, de préférence conjugué au présent
(Pour les références bibliographiques, consultez l’onglet « outils »)
Les critères d’évaluation du questionnaire
Les critères d’évaluation sont communiqués avant la rédaction du questionnaire. Les critères d’évaluation sont les suivants (entre parenthèses figure le nombre de point sur 10 points au total) :
Clarté de la formulation des questions (3)
Respect des modalités de contenu (3)
Enchainement logique des questions (2)
Respect des règles d’orthographe et de grammaire (1)
Remise de l’engagement à respecter la confidentialité des renseignements (1)
Former des personnes appelées à devenir des interlocuteurs valables, compétents et crédibles;
Répondre aux besoins des futurs professionnels qui pratiqueront des entretiens dans des contextes variés, qu’il s’agisse d’entretien de recherche qualitatif, d’entretien de sélection pour un emploi, d’entretiens de négociations, etc.;
Apporter des outils méthodologiques pour la rédaction de questions dans le cadre d’un plan d’enquête.
Quelles que soient leurs disciplines, pour rédiger un questionnaire d’entretien qualitatif, les étudiants doivent mobiliser les trois niveaux de compétences langagières:
les compétences linguistiques sont nécessaires à la formulation de questions claires (des phrases simples comportant un thème et un propos, par exemple).
Les compétences discursives sont indispensables pour assurer la progression et la cohérence du questionnaire (par exemple, les questions doivent s’enchainer logiquement).
Les compétences communicationnelles concernent la prise en compte de la situation de communication (combien y aura-t-il d’intervieweurs? où et quand se déroulera l’entretien? quelle information veut-on obtenir?), l’adaptation au répondant et la prise en compte de son discours.
Cette activité est proposée dans le cadre du cours « Culture et organisation » du département de Relations industrielles de l’Université Laval. Elle est transposable dans de nombreux cours de formation professionnelle en sciences sociales, en administration, en sciences de la santé, en éducation, etc. En effet, elle poursuit des finalités qui transcendent le cadre disciplinaire : les étudiants apprendront à réaliser un échange méthodique et à devenir des interlocuteurs valables, c’est-à-dire des personnes à qui l’on peut s’adresser avec confiance en raison de leur démarche structurée et claire, de leur sens de l’éthique et de leur souci d’établir un échange de qualité.