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Ressources pédagogiques
Type de ressource
Fiches pédagogiques
Pratiques langagières
Lecture,
Écriture
Cycles d'étude
Universitaire, premier cycle
Année
2012
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Résumé

Comprendre un texte scientifique et le faire comprendre sont deux habiletés essentielles que les étudiants en sciences humaines doivent développer. Cette fiche présente des activités pour les amener à rédiger un compte rendu critique en histoire et à exercer leurs habiletés en lecture et en écriture.

Habiletés visées
Habiletés visées
 Déroulement Outils
Outils
 

Matériel pédagogique : textes scientifiques d'historiens

Interactions souhaitées : individuel

 

Déroulement proposé pour articuler le développement des compétences langagières aux compétences disciplinaires.


1.1. Lire attentivement le texte afin de prendre connaissance de son contenu pour s'en faire d'abord une idée générale.

 

1.2. Relire le texte en prenant des notes pour en dégager la structure, les principaux concepts, l'idée principale et les idées secondaires, ainsi que le sens de la démonstration. (Voir les fiches La rédaction d'un résumé et La lecture d'un article scientifique)

 

1.3. Clarifier le contexte de production

  • Sur l'auteur : qui est-il? Quelles sont ses compétences particulières par rapport au sujet? Quelle place occupe-t-il dans la vie scientifique?
  • Sur l'étude publiée : caractéristiques de la maison d'édition, de la revue savante ou de la collection où elle a paru, contexte de production, public visé...

 

1.4. S'assurer de bien saisir le sens de tous les termes employés par l'auteur

Au besoin, définir le vocabulaire inconnu ou ambigu.

À cette fin, se reporter à des instruments adaptés aux besoins des historiens : dictionnaires biographiques, encyclopédies scientifiques, dictionnaires spécialisés, lexiques historiques.


2.1. Cerner les intentions et l'objectif de l'auteur

 

Pour cerner les intentions de l'auteur, on peut se poser des questions comme celles-ci (à titre indicatif) :

  • De quelle époque s'agit-il? (cadrage temporel)
  • De quelle zone géographique s'agit-il? (cadrage spatial)
  • Quel est le thème central de l'œuvre? (cadrage conceptuel)
  • Quel est le projet (explicite ou non) de l'auteur?
  • Quel problème, quelle difficulté cherche-t-il à résoudre?
  • Quelle interrelation logique cherche-t-il à clarifier?
  • À quelle question veut-il répondre?
  • Quelle hypothèse entreprend-il de vérifier?
  • De quoi a-t-il choisi de parler? (ce qui n'est pas la même chose que de se demander « Qu'est-ce qu'il nous apprend de nouveau? »).

 

Il peut s'avérer nécessaire de clarifier l'identification de noms de personne ou de lieu, la définition de termes spécifiques à l'histoire de la période ou de la thématique concernée.

 

Pour formuler l'objectif de l'auteur, il convient d'utiliser une forme active, c'est-à-dire qui comprend un verbe, tel qu’étudier, prouver, chercher, analyser, etc.

 

La formulation de l'objectif doit inclure :

  • l'identification de la région et de l'époque;
  • la présentation du thème du texte;
  • l'énoncé du problème ou de la difficulté à résoudre;
  • l'idée principale.

 

2.2. Identifier la démarche scientifique

 

Il s'agit ici de caractériser la démarche scientifique mise en œuvre. La démarche scientifique est le mode déterminé d'organisation et de traitement des données pertinentes au projet de l'auteur. Pour comprendre comment fonctionne un exposé d'historien, il est indispensable de voir le plus clair possible dans ses assises documentaires, ses cadres conceptuels et ses conceptions méthodologiques; c'est l'ensemble de ces points de vue qui constitue la démarche scientifique propre à un auteur.

Il est possible de caractériser la démarche scientifique en se posant des questions telles que :

 

  • De quel genre historiographique s'agit-il?

 

  • Quel(s) domaine(s) des activités humaines l'auteur examine-t-il de façon particulière (politique, religion, économie, société, vie intellectuelle...)? Il peut s'agir alors :
    • d'histoire politique — étude de ce qui concerne la vie et les évènements politiques;
    • d'histoire religieuse — étude de ce qui touche à une religion donnée;
    • d'histoire économique — relative à l'organisation et à l'évolution économique;
    • d'histoire sociale — elle concerne tout ce qui touche au vécu d'une population : démographie, normes sociales, santé, éducation, etc.

 

  • Quel(s) type(s) de données l'auteur utilise-t-il?
    • S'il s'agit de la narration d'un évènement, l'auteur présente-t-il les personnes présentes, une description des lieux, etc.?
    • Pour l'étude d'une population dans un contexte donné, a-t-il cherché des données concernant l'âge des personnes, leurs liens de parenté, leur lieu de résidence, leurs habitudes, etc.?
    • Pour celle d'organisations, a-t-il étudié leur fonctionnement, leurs structures, les liens qu'elles entretiennent entre elles, leur composition, etc.? 
  • L'auteur critique-t-il les données qu'il a obtenues? Par exemple, les organismes qui font des statistiques retiennent des éléments qui peuvent différer avec les époques, si bien que les différentes séries obtenues peuvent varier sensiblement. L'auteur l'indique-t-il? 
  • Quels types de témoignages historiques sont utilisés (sources sur lesquelles l'auteur appuie son raisonnement) et d'où viennent-ils? Il faut indiquer le type de documents utilisés :
    • des documents de première main — sources primaires — tels que des documents d'archives, des documents originaux, des articles de journaux      contemporains, etc.
    • des études réalisées par d'autres historiens — sources secondaires.
    • les deux types de sources. 
  • Quel traitement critique spécial l'auteur applique-t-il à ses sources? Explique-t-il la valeur qu'il leur accorde? 
  • Quelle notion et quel concept spéciaux l'auteur utilise-t-il pour construire, analyser ou critiquer son objet d'étude? 
  • Quelle méthode de recherche ou grille d'analyse particulière l'auteur applique-t-il à l'exploration de son sujet (modèle sociologique, théorie économique, approche structuraliste, méthode quantitative, démarche interdisciplinaire, perspective marxiste...)? 
  •  Comment l'auteur a-t-il organisé les données recueillies pour faire sa démonstration? Explique-t-il ou justifie-t-il les techniques de recherche ou d'exposition qu'il a utilisées et les autres choix importants qu'il a effectués?

 

 

2.3. Dégager le plan

 

Il s'agit ici de dégager non pas quelle est la solution du problème, mais comment est construite la réponse, quelle est la structure — le squelette -du texte. Dans les faits, un exposé bien construit comporte rarement plus de quatre ou cinq parties principales; chacune d'entre elles peut ensuite se subdiviser en quelques parties secondaires.

 

Il faut non seulement identifier le plan — les subdivisions apparentes y aident parfois —, mais aussi le justifier. En effet, la structure du plan est en relation directe avec l'objectif poursuivi : pour l'auteur, le plan est le meilleur moyen d'atteindre son objectif.

 

2.3.1. Identifier le type de plan

 

Voici quelques exemples de plans parmi les plus courants :

  • Plan chronologique : la durée est le principe organisateur; chaque partie de l'exposé porte sur une période donnée, met l'accent sur les changements (ou leur absence) intervenus au cours de plusieurs tranches chronologiques successives, sur le déroulement des évènements dans le temps.
  • Plan thématique : chaque partie étudie un aspect différent du sujet traité, en examinant un élément distinct de la question; la complexité de la situation historique présentée se trouve ainsi mise en lumière par l'étude de ses facettes principales, examinées à tour de rôle. Il arrive, cependant, que les sous-parties de chaque thème soient présentées de façon chronologique, ce qui n'en fait pas pour autant un plan chronologique.
  • Plan géographique : l'espace est le principe organisateur; chaque partie du texte met l'accent sur une région donnée, sur des lieux examinés à tour de rôle pour mieux mettre en évidence les variations spatiales dans un processus historique.
  • Plan systématique : la discussion de l'objet étudié est structurée par le recours à des points d'appui méthodiques qui paraissent bien adaptés aux circonstances. Ainsi, une démarche comparative (présenter successivement les ressemblances et les différences qui relient les termes d'une comparaison), ou une démarche dialectique (présenter à tour de rôle le « pour » et le « contre » d'un point de vue donné; ou passer successivement de la thèse à l'antithèse, puis à la synthèse).
  • Plan historiographique : la progression de l'exposé repose sur une confrontation (rapprocher pour comparer) des travaux d'autres historiens sur le même objet d'étude, avant d'en venir à une interprétation ou une prise de position personnelle.
  • Etc.

 

2.3.2. Dégager les articulations logiques et hiérarchiser les idées principales et secondaires

 

L'analyste doit pousser la reconnaissance des liens logiques au-delà de ce qui est déjà suggéré par les divisions matérielles du texte ou les signaux typographiques (caractères gras, soulignés ou italiques), car il se peut que la présentation et la mise en page laissent à désirer.

 

L'analyse de la logique interne du plan s'effectue en deux étapes :

  • D'abord, on considère l'ensemble des sections de l'œuvre; en principe, chaque section doit développer une idée principale, nécessaire à l'atteinte des objectifs généraux de l'entreprise. Sur quelle logique repose l'organisation des sections dans l'ordre où l'auteur les a disposées? Sur quelle justification logique repose la progression des sections dans un ordre qui est intangible, sous peine de compromettre la cohésion du message global? Normalement, la première partie ne pourrait pas être reportée à la fin sans que la logique d'ensemble ne s'effondre...
  • Puis, on considère chacune des sections à tour de rôle : sur quelle structure interne repose chaque section considérée en elle-même? Comme les stratégies d'exposé peuvent varier d'une section à l'autre, il convient de s'interroger dans chaque cas sur les règles d'organisation interne adoptées par l'auteur pour structurer son message et ainsi cheminer efficacement — en plusieurs étapes — vers son objectif général.

 

En pratique, pour retrouver le plan du texte, pour identifier les parties et sous-parties qui le composent, on peut :

  • soit partir de l'idée principale, du raisonnement global de l'auteur, et chercher à en retrouver les principaux éléments constitutifs; puis reprendre l'opération pour chacune des sections identifiées et passer de l'idée principale de la section aux éléments qui la composent, etc.
  • soit procéder dans l'ordre inverse, en dégageant d'abord l'idée propre à chaque paragraphe, pour ensuite chercher comment les paragraphes se regroupent logiquement pour former des sous-ensembles, qui à leur tour forment des ensembles jusqu'au niveau du texte complet.

Ces deux démarches peuvent être pratiquées successivement, car elles présentent des avantages complémentaires.

 

Au terme de cet exercice d'analyse, on sera bien mieux informé sur la forme du texte que sur son fond; c'est normal, car on s'intéresse pour l'instant en priorité à l'auteur et à sa manière de travailler en tant qu'historien.


Les données indispensables (le fond) à l'atteinte des objectifs de l'auteur doivent maintenant être reformulées dans le même ordre et liées entre elles avec les mêmes liens logiques (la forme) que le texte complet. La synthèse n'est donc pas une simple accumulation d'énoncés juxtaposés ou d'extraits de passages-clés mis bout à bout, mais une véritable reconstitution condensée du mouvement de la pensée de l'auteur.

 

La synthèse repose sur la réalisation d'une double opération :

  • Repérer l'essentiel du contenu : quels sont les éléments indispensables (informations, déductions, comparaisons, critiques, interprétations...) à la compréhension du propos?
  • Identifier les liens logiques entre ces éléments, les mêmes rapports d'enchainement ou d'opposition que l'auteur a utilisés dans son exposé complet.

Le bilan est autre chose qu'une conclusion; il ne s'agit pas d'énoncer simplement à quoi l'auteur en arrive à la fin de son exposé, ou quelle est la réponse à la question qu'il se posait.

Le bilan doit refléter l'ensemble du message, donc garder la trace des étapes majeures de l'exposé ou du raisonnement. À la question « Quel est l'essentiel du message transmis? », la réponse bilan fera écho à la fois aux informations essentielles et aux liaisons logiques primordiales présentées dans la synthèse; de ce point de vue, le bilan prend figure de synthèse de la synthèse.

 

Le bilan doit se situer dans le prolongement de l'énoncé du projet de l'auteur, tel que mis en lumière au début de l'analyse. Le bilan ne peut valoir que pour une situation donnée à une période donnée; il ne saurait s'agir d'une vérité éternelle et universelle! En conséquence, le bilan doit nécessairement inclure des précisions spatiotemporelles adéquates.